Le Bodensee, en français lac de Constance, est un immense lac alpin dont les rives se promènent le long de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Autriche. C’est très joli, on y voit des ferrys tout blancs qui le traversent, des voiliers multicolores, des baigneurs et des oiseaux, tandis que dans le ciel passe, imperturbable et silencieux, le ballon dirigeable Zeppelin, invention du comte Ferdinand von Zeppelin, natif de Constance. Imperia veille sur le port de plaisance, c’est une immense statue qui tourne sur elle-même, très lentement. Elle évoque le concile qui se tint à Constance (entre 1414 et 1418). On peut aussi, si on le désire (et si on en a les moyens), embarquer pour une traversée jusqu’à Bregenz, en Autriche, pour assister là-bas à un opéra et ensuite rentrer en soupant au fil de l’eau, sous les étoiles.
J’ai arpenté les rives du lac pour essayer d’y apercevoir Madame, celle qui promène son spleen et son chien, un boudin noir nommé Byzance. Jacques Brel la trouvait de circonstance ! La rime est riche, et même surabondante, ce qui n’est pas fréquent chez lui. Notons que Brel, dont je me suis laissé dire que ça n’était pas sa qualité première, aimait bien la constance, mais sous forme de prénom féminin. Constance, c’est un joli prénom, d’ailleurs il boit du silence à la santé de Constance en compagnie de son ami Fernand (dont elle se fout bien), l’été quand il vient lui faire de l’ombre dans ce putain de champ. Brel était bon camarade, Jef, Jojo, Fernand, peuvent en témoigner. Il était, en revanche, peu charitable avec les dames, constantes ou non (c’est bien connu, elles donnent leur joli corps et elles donnent leur vertu pour une pièce en or), elles avaient dû le faire souffrir, mais qui n’a pas ses petits soucis ?
Mais pour revenir à cette fameuse Madame, celle qui promène les gènes de vingt mille officiers de marine, nulle trace d’elle tout au long du lac de Constance, c’est bien ma veine ! L’année prochaine, pour les vacances, je tenterai ma chance à Varsovie. Ne comptez cependant pas sur moi pour devenir danseuse légère à l’Alcazar, il y a des limites.
Pierre Delorme
Une chevauchée ?
Non, surtout pas ! Mais de toute façon ça ne risque rien, c’est l’été ! (La Chevauchée sur le lac de Constance est un poème en langue allemande de Gustav Schwab qui raconte la mésaventure d’un cavalier qui, en hiver, traverse le lac gelé et enneigé sans s’en apercevoir. Parvenu sur la rive, il demande son chemin et où se trouve le lac de Constance. On lui répond qu’il vient de le traverser à cheval. Saisi par la peur rétrospective, il tombe de son cheval et meurt sur le coup !)