Parmi les chansons de Jacques Debronckart l’oublié, il en est une qui parfois refait surface sur les réseaux sociaux, dans ces moments surtout où les fous de Dieu, croyant leur famille et leur progéniture en grand danger, vocifèrent et cantiquent par les rues, guidés par quelques ensoutanés intégristes. Si le titre de cette chanson, La Religion, peut en effet laisser penser que le chanteur mécréant y règle ses comptes avec la foi chrétienne et la multinationale apostolique et romaine qui la représente, une simple écoute montre que le propos de cet autre grand Jacques va bien au-delà d’une diatribe anticléricale ordinaire.
Or, la plupart des internautes qui offrent cette chanson aux oreilles amies, internautes généralement bien de gauche, libres-penseurs à l’ancienne, semblent à chaque fois avoir interrompu leur écoute à l’issue du quatrième couplet de cette chanson qui en comprend pourtant deux autres. Car si d’emblée Debronckart évoque bien Jésus, la croyance en sa personne et en ce que ses disciples lui attribuent en matière de faits et gestes, puis met en avant la nécessité, selon lui, de se défaire de tout cela, il enchaîne aussitôt avec ces mots :
Et puis quand tu seras sorti de là
Ne tombe pas de Charybde en Scylla
Tu sais tous les prêtres ne donnent pas le baptême
Il y en a qui hurlent garde à vous
D’autres prolétaires unissez-vous
Mais regarde-les de près ce sont tous les mêmes
Des gens qui veulent t’apprendre à penser
Rien que par réflexe conditionné
A marcher au pas en brandissant des emblèmes
Méfie-toi des rouges des blancs et des noirs
Ne cotise pas chez les marchands d’espoir
Vis ta vie tout seul écris ton histoire toi-même
Deux couplets, donc, que manifestement l’auteur du petit texte de présentation posté sur un célèbre site d’hébergement de vidéos, comme nombre de « gros mangeurs d’ecclésiastiques » avec lui, n’a pas voulu écouter ou comprendre. Voici en effet comment La Religion nous est présentée : « Belle chanson du grand Jacques… Culs-bénis et grenouilles de bénitier, passez votre chemin, le mécréant va vous horrifier… »
Voilà comment un texte profondément libertaire, antidogmatique, condamnant tous les fanatismes et les pensées rigides, se trouve misérablement ramené à une espèce de pamphlet anticlérical de type « A bas la calotte ! », quand Debronckart nous dit que les « prêtres » à œillères sont partout… y compris, pourrait-on ajouter, parmi certains amoureux de la chanson à texte à la compréhension limitée ou sélective. Intelligence, pourquoi les as-tu abandonnés ?
Floréal Melgar
PS : à noter que cette chanson est reprise par Christian Camerlynck, l’un des rares fidèles interprètes de Jacques Debronckart, dans son dernier et beau spectacle « Parlez-moi de vous ».
« Méfie-toi des rouges, des blancs et des noirs »
Et les roses, et les bleus alors ? Pourtant…
Tiens, vous ne citez pas les Verts… Seriez-vous un supporter de l’AS Saint-Etienne ?
Oui, c’est très vrai, Christian Camerlynck est un fidèle de Debronckart depuis des lustres, mais j’aimerais lui associer une fidèle de la première heure également, puisque cet autre « grand » Jacques lui a écrit des chansons rien que pour elle !
Elle est bien là et chante toujours, pour peu qu’on lui propose de venir le faire… c’est Marie-Thérèse Orain !
À ne surtout pas oublier.