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Si les marchands d’immatériel finissent par gagner (ce n’est pas demain la veille !), on n’aura plus l’occasion d’apprécier des pochettes comme celle que Fred Morandat a réalisée pour le CD de Rémo Gary, « Idées reçues ». Le Digipack trois volets abrite deux étuis : un pour le CD, l’autre pour le livret. Dans ce dernier, on trouvera, comme souvent, tous les textes des chansons. Mais, une fois arrivé au neuvième titre (« Ce que ceux-là voulaient pour nous »), on pourra lire au choix les paroles ou… les images reprises sur les recto et verso de la couverture. Il fallait avoir l’idée…

Si les marchands d’immatériel finissent par gagner (ce n’est pas demain la veille !), on n’aura plus l’occasion d’apprécier des pochettes comme celle que Fred Morandat a réalisée pour le CD de Rémo Gary, Idées reçues. Le Digipack trois volets abrite deux étuis : un pour le CD, l’autre pour le livret. Dans ce dernier, on trouvera, comme souvent, tous les textes des chansons. Mais, une fois arrivé au neuvième titre (Ce que ceux-là voulaient pour nous), on pourra lire au choix les paroles ou… les images reprises sur les recto et verso de la couverture. Il fallait avoir l’idée…

Bien sûr, il n’a pas fait exprès. Il n’est même pas au courant… mais la chanson poétique à la française, c’est un Américain qui en parle le mieux. Dans Roadkill*, Kinky Friedman écrit à propos de Tom T. Hall, chanteur de country à succès : « J’aime toutes ses chansons et ses deux mélodies. » C’est vrai que dans la musique des cow-boys de Nashville, court souvent un air de déjà entendu. Comme chez pas mal de nos chanteurs à texte. La faute au cumul, ce mal français qui ne touche pas que les politiques. Rémo Gary n’est pas un cumulard – vu ce qu’il chante, c’eût été un comble ! Comme d’autres auteurs, et non des moindres (Brel était de ceux-là), il a la sagesse de confier plusieurs de ses textes et tous ses arrangements à des compositeurs** et à des musiciens de sensibilités, de sonorités et d’approches différentes. On va de l’accordéon solo de Daniel Berrard au grand orchestre que forme à elle seule Clélia Bressat-Blum***, en passant par le duo Frédéric Bobin (guitares acoustique et électrique) – Mikael Cointepas (contrebasse). Ces deux derniers sont rejoints ici par Joël Clément au piano, là par Lydie Lefebvre au violoncelle, et ailleurs par les deux à la fois. Quant à Nathalie Fortin, au piano haut-de-gamme, elle joue deux fois la même musique de Laurent Rualten, mais pas sur les mêmes paroles. Les premières, celles d’Ouvre****, sont d’Edmond Haraucourt (1856-1941). Ça commence comme ça : « Ouvre les yeux, réveille-toi / Ouvre l’oreille, ouvre ta porte / C’est l’amour qui sonne et c’est moi / Qui te l’apporte […]. » A cette idéale chanson de début d’album – et de spectacle, ces temps-ci –, Rémo Gary a donné, avec ces mots à lui cette fois, une chanson-reflet. Intitulée Ferme, elle s’achève ainsi – et le CD et les concerts aussi : « Ferme les plis de tes rideaux / Ferme ton lit,  ferme l’arène / Referme aujourd’hui dans ton dos / Ferme la scène. »
Après un auteur de polars américain, citons un cinéaste allemand, Wim Wenders, qui fait des films pour « améliorer le monde ». Rémo Gary, lui, chante pour que nul ne renonce à inventer le monde de demain. Saluant ceux qui ont ouvert des chemins fleuris : « […] Rappelle-toi les œillets / De la butte / L’églantine, le muguet /
De nos luttes / Là, on a eu du jasmin / Ça fait des fleurs plein les mains / C’est de l’espoir Benjamin / Qui débute. » 
Levant un verre joyeux aux gens, aux choses et aux idées qui se bousculent dans Tostes, poème-fleuve à boire de Robert Vitton. Egrenant un Panthéon de soixante-dix et quelques noms (sans compter « Plein d’inconnus / Plein d’inconnuses ») en rappelant à chaque refrain qu’« On devrait être / Ce que ceux-là / Voulaient pour nous ». Chacun reconnaîtra les siens parmi les révolutionnaires (« Et Louis Lecoin / Le pacifiste / Et Pierre Sémard / Le chemineux / Eugène Varlin / Vrai socialiste / […] / La Luxemburg / Et des Femen / Flora Tristan / Clara Zetkine / […] »), les écrivains (« François Villon / […] / J.B. Poquelin / Tombé en scène / […] / Et Neruda / […] / Et George Orwell / […] ») et les chanteurs (« Ferrat, Léo / […] / Deux Béranger / François, Pierre-Jean / Leprest Allain / […] / Et Debronckart / […] »).
Debronckart… on ne s’étonne pas de le trouver là. Tant on « l’entend » chez
Rémo Gary : dans le chant à voix grande ouverte et dans l’espérance chevillée au mot. Une double fraternité qui culmine dans Avec la tristesse : « Parler encore et mieux des sujets les plus sombres / Des mines, des cachots, du plomb, du noir, de l’ombre /
Du charbon, du passé, des morts et de la nuit / Du vacarme que font les corps quand ils s’ennuient / Avec des mots nouveaux, de première tendresse / Faut bien faire quelque chose avec la tristesse […]. »

Vous attendiez des nouvelles de Rémo Gary ? Il vous envoie des idées. Recevez-les.

René Troin

* Roman policier à fortes doses d’humour, de musique et de whiskey, publié en français sous le titre N. le Maudit (Rivages/Noir, 2001).
** Frédéric Bobin, Clélia Bressat-Blum, Joël Clément, Romain Didier.
*** Elle joue du piano, de l’accordéon, de la flûte traversière, du trombone, de la clarinette basse, du violoncelle et des percussions.
**** Suzy Solidor a enregistré ce titre en 1933. On trouve sa version sur YouTube. Rémo Gary avait déjà gravé ce même titre pour son livre-disque Ponchon et Cie.

Rémo Gary, Idées reçues, 1 CD (12 titres) + 1 livret (16 p.) sous Digipack 3 volets. Prix : 15 €. Commandes via internet (cf. lien ci-dessous).

Le site de Rémo Gary (deux extraits d’Idées reçues en écoute sur la page de la rubrique « Discographie », consacrée à l’album) :



1 commentaire »

  1. Fabre Christine dit :

    Je me suis procuré ce cd auprès de Rémo… et comme d’hab’, c’est une vraie merveille d’écriture et de sensibilité !

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