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BSylvaLes chansons font partie de nos vies, on le sait. De la naissance à la mort on les rencontre dans bien des circonstances, plus ou moins marquantes. Elles nous accompagnent, elles vont et viennent, certaines entrent par une oreille et sortent par l’autre, d’autres s’installent dans nos souvenirs, même à notre insu.
Un de mes copains vient de passer ad patres, ce qui n’a rien d’original puisque j’appartiens à une génération dont les représentants les plus pressés commencent à nous donner rendez-vous au cimetière plutôt que dans un bistrot. Ce copain-là, lorsqu’il était encore assez vaillant, soucieux du bon déroulement de la cérémonie funéraire qui lui serait consacrée, me chargea d’en « réaliser » la bande-son. Sage précaution. Rien n’est plus déroutant, en effet, qu’une cérémonie qu’on n’a pas eu le temps de préparer et où chacun regarde ses chaussures ou le plafond en écoutant une banale musique de circonstance, entrecoupée de prises de parole où affleurent les sanglots.
Donc nous préparâmes ensemble cette bande-son. Mon copain choisit alors, et c’est là que je veux en venir, non pas des musiques, mais un certain nombre de chansons qu’il aimait, et qui mises bout à bout dans un ordre certain constituent finalement une sorte d’image de ses goûts et peut-être même un genre de portrait de l’homme qu’il fut.
Point de grandes orgues donc, ni de fameux requiem, mais de simples chansons toutes bêtes, comme on en entend tous les jours de la vie. Bien sûr, prédominent dans ce choix les chansons qui l’ont marqué dans sa jeunesse. On y retrouve, entre autres, Fidèle de Charles Trenet ou Le Temps des cerises (par Juliette Gréco), Voir un ami pleurer (Jacques Brel) et La Mémoire et la mer (Léo Ferré), mais aussi T’en fais pas Bouboule par Georges Milton, Du gris (par Berthe Sylva) ou encore Frédo par les Frères Jacques… des chansons en langue étrangère, O Kaimos (Mikis Theodorákis) ou La poesia es un arma cargada de futuro (Gabriel Celaya/Paco Ibáñez). La liste se termine par un clin d’œil, On ira tous au paradis (Michel Polnareff).
Bref, de quoi rire et pleurer, s’étonner, et même n’y rien comprendre. Un peu comme dans la vie, dont les chansons sont finalement un bon reflet, une belle expression. Jusqu’à la fin. 

Pierre Delorme

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