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Danny BoySur mon Teppaz, j’ai écouté Le Twist de Schubert par Danny Boy et ses Pénitents. Danny Boy, c’est Claude Piron qui, sous son propre nom, a essuyé les plâtres du rock français, version sérieuse (1), dans les dernières années cinquante, en même temps que Danyel Gérard. Le répertoire étant encore assez limité, les deux pionniers jetaient parfois leur dévolu sur les mêmes titres : Viens ou D’où reviens-tu Billie Boy ?
Si l’on se souvient de Danyel Gérard, on a un peu oublié Claude Piron, et pour cause : de son propre aveu, il n’a vendu que quelques centaines de ses premiers 45-tours. On se rappelle mieux sa seconde carrière, entamée en 1961 sous le pseudonyme de Danny Boy. Comme l’heure est aux groupes, il recrute quatre Pénitents encagoulés. Pourquoi ? « Pour ne pas être reconnus (2). » L’année suivante, ils partent huit mois sur les routes avec le cirque Pinder. Ils voient du pays et du monde les voit : le cirque est populaire dans ces années-là.
1962, c’est aussi l’acmé du twist. Danny Boy et ses musiciens sacrifient au genre avec Twistez, Dum Dum, Stop !… et, bien évidemment, Le Twist de Schubert. Une version énervée du même Quintette en la majeur pour piano et cordes La Truite, qui avait déjà inspiré son Complexe de la truite à Francis Blanche. Cette fois, c’est à Maurice Vidalin et Jacques Datin de s’y coller. Ensemble, ils ont écrit et composé Zon Zon Zon (Michèle Arnaud, Colette Renard) ou Julie (Marcel Amont, Mouloudji), et Jacques Datin a signé la mélodie de La Java de La Varenne pour Jean-Roger Caussimon. Bref, on n’a pas affaire aux premiers tâcherons venus. Le texte y gagne en vocabulaire : « Face à face on balance / Le pied gauche en avant / Sur place on recule, on avance / Et l’on se quitte et l’on s’attend / Finis les rêves nostalgiques / Tout au long des longues nuits d’hiver / Tout s’arrange avec le twist / Le twist de Schubert. » Voire en mystère, car, je l’avoue, cinquante-deux ans après, je me demande encore ce que cachent les bas verts au bout de ces six pieds : « […] Les bas-bleus, les bas verts […]. »
L’effort, en tout cas, sera salué quelques mois plus tard, par un connaisseur,
Henri Salvador, qui plaide dans Papa Liszt twist : « Pardon, messieurs les concertistes / Je ne veux pas que cela vous attriste / Rien n’ vaut le papa Liszt en twist / Car depuis que ce nouveau pas existe / N’a-t-on pas déjà mis Schubert en twist ? »
Quant à Danny Boy, redevenu Claude Piron (3) autour de 1967, il s’est fait marchand de poisson sur les marchés normands. Comme quoi, ce garçon avait
de la truite dans les idées.

René Troin

(1) Après les parodies d’Henry Cording (Salvador), Mac Kac et autres Peb Roc & ses Rocking Boys.
(2) Selon une rumeur, parvenue jusqu’à nous grâce à Wikipédia, les Pénitents étaient quatre fils de diplomates malgaches supposés être venus en France pour faire leurs études, pas pour jouer de la guitare électrique.
(3) Depuis 2004, à l’instar de Vic Laurens, Noël Deschamps, Long Chris, Les Lionceaux…, il remonte sur scène sous son pseudonyme mais sans ses Pénitents.

Danny Boy et ses Pénitents, Le Twist de Schubert (paroles et arrangement : Maurice Vidalin et Jacques Datin), 1962.

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