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Pour l’amateur de chanson dite « de qualité », la chanson dite « formatée » fait figure de repoussoir. Il vénère l’une autant qu’il déteste l’autre. Vénération qui semble parfois puiser sa force dans la détestation, et images (4)inversement. Ce sont les deux faces indispensables d’une même médaille.
La chanson dite « formatée » correspond à un format assez mal défini d’ailleurs. Au départ, il s’agit de correspondre, par leur durée et leur sonorité, au format de la bande FM, d’où la musique, sous forme de chansons, coule comme l’eau d’un robinet.
Mais pour l’amateur, toute chanson qui ne présente pas les critères qui, à ses yeux, la font « de qualité » est une chanson « formatée ». Ce format assez peu précis semble être un fourre-tout commode dans lequel on range celles qui semblent n’avoir d’autre ambition que de meubler le silence des chambres d’ados, les salons de coiffure et les ascenseurs, ou encore de faire danser les foules. On sait ce qu’elles ne sont pas, sans savoir ce qu’elles sont vraiment.
Mais tant qu’à parler de format, pourquoi se limiter à un seul ? On peut imaginer sans peine que la chanson « de qualité » ou « à texte » doit paraître également « formatée » au public qui ne s’y intéresse pas. Selon un format « rive gauche » par exemple, où l’on jetterait pêle-mêle, aujourd’hui, les Juliette, Miravette, Joyet, et les jeunots comme Pierre Lebelâge.
N’y a-t-il pas eu un « format Brassens », adopté par les Perret, Moustaki, Le Forestier – et d’autres qui ne connurent pas le succès ? Un « format Brel », repris par les Fanon, Debronckart, Tachan, puis ensuite par Leprest ? Une chanson formatée façon Ferré aussi, qui aura servi de modèle aux Lavilliers, Verdier ou Aurenche ? Autant de formats qui avaient éclipsé, en leur temps, le « format Trenet », remis au goût du jour par
 Higelin, puis par Thomas Fersen, ou le « format André Claveau » que personne, du moins pour l’instant, ne semble songer à remettre au goût du jour*. Quant au format Dutronc, Souchon, Cabrel et Bashung, il est calqué sur un format anglo-saxon, le format Beatles ou Bob Dylan.
Quant à la chanson « non formatée », celle qui ne respecte pas le seul canon qui vaille en matière de chanson – l’alternance refrain / couplet / refrain –, elle s’épanouit dans ses milieux naturels : la marge et la périphérie. Parfois, portée par un contexte socio-politique favorable, elle signe chez des majors, force la porte des grands médias, et peut alors aller jusqu’à « faire format ». Ainsi a-t-on connu,
dans les années 70, un «  format Ribeiro ». La grande Catherine inspirant alors
(Mama) Béa Tekielski et Annkrist – et, peut-être bien, aujourd’hui, Melissmell.
On nous objectera que plutôt que de formats on pourrait parler de styles, de familles, pourquoi pas ? Tout est affaire de distance. Plus la forêt est vue de loin, moins les arbres sont différenciés. Plus on se rapproche, plus on perçoit les différences entre les espèces et la variété des formats. Encore faut-il s’intéresser suffisamment aux arbres.

LTG

 

* On ne peut pas (malheureusement ?) en dire autant du « format Luis Mariano » après la double offensive de Roberto Alagna et Vincent Niclo.

4 commentaires »

  1. Au départ le format a bien été imposé par les capacités techniques du cylindre, puis du 78-tours. La suite tout le monde la connaît: 45-tours, radios, on parle sur les intros, on « shunte » les fins jugées trop longues et on arrive assez vite au « temps de cerveau disponible ». Mais avant les premiers enregistrements existaient bien des chansons à couplets multiples : chants de moissons, chants de marins, chansons patriotiques, chansons humoristiques 1900, comiques troupiers, etc., qui n’étaient pas du tout formatées. Les danses de salon ont également contribué à la durée consensuelle d’une chanson.

  2. Norbert Gabriel dit :

    Salut,
    En parlant de « format »… Récemment, un programmateur a dit les yeux dans les yeux à une chanteuse ACI : « Vous êtes passée chez Meyer, chez Valéro, mais vous ne passerez pas sur Inter », avec un grand sourire… Ça m’a laissé pantois… Il y a donc ce qui est possible pour les auditeurs du samedi midi, chez Meyer, la plus forte audience et de très loin de toutes les émissions chanson, et ce qui est destiné aux auditeurs de la semaine… Ce ne sont pas les mêmes ? L’exemple Leprest est significatif, jamais dans la play list, mais la nuit, ou exceptionnellement à midi, ou vers 20 heures… Si c’est pas du formatage, c’est bien imité.

    • Ivan Perey dit :

      En parlant de « format » , j’y vais moi aussi de ma petite anecdote. Quand je travaillais à Radio France, je faisais des émissions sur Radio Bleue (où l’on pouvait arriver avec ses disques sous le bras et inviter des chanteurs qui ne passaient pas ailleurs), puis c’est devenu France Bleu avec les play lists, la programmation faite par un gars derrière un ordinateur pour tout le réseau… On m’a imposé les Pagny, Obispo et consorts. Un jour, je croise la directrice d’antenne qui me dit ravie :
       » Hier , j’ai été voir le spectacle d’Anne Sylvestre, c’était vraiment très bien.
      – Je sais que c’est très bien, rétorquai-je. Je peux diffuser un titre de son dernier disque demain.
      – Non !
      – Pourquoi ? demandai-je innocemment
      – C’EST HORS FORMAT ! « 

  3. Chris Land dit :

    Bien d’accord avec ce qui est commenté plus haut.
    Et aussi une nuance de « taille » (et de poids).
    Il est question, dans ce billet, de format de chansons, dans un premier temps sur la forme : privilégier plutôt l’écriture mots/musiques que le vide ludique qui « coule comme d’un robinet », et secondement par le format physique des supports. Mais je pense qu’il existe une troisième voix/voie qui s’exprime dans les festivals fortement fréquentés par un public jeune dont les têtes d’affiches ne sont pas forcément médiatisées ni ne s’inscrivent forcément, par effet miroir, dans le format d’une « école formatée » (en vrac) : La Rue Kétanou, Mon Côté Punk, Flow des Flow, Géraldine Torres, Tournée Générale, Thomas Pitiot, Face à la mer, Niobé, From & Ziel, même Yves Jamait ou Agnès Bihl… (complétez les pointillés), tellement absent(e)s dans les haut-parleurs audiovisuels.
    En un mot, la « chanson vivante » !

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