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Photo : D. R.

Nous l’avons déjà écrit sur ce site (1), la guitare est l’instrument de l’intimité, celle des poètes. Elle a partie liée avec la chanson, depuis des lustres. Les guitaristes français de jazz n’ont pas oublié ce lien indéfectible entre leur instrument de prédilection et la chanson. Ils lui rendent régulièrement hommage dans des disques de haute volée.
Sylvain Luc, le premier d’entre eux par sa virtuosité époustouflante et sa joie communicative de jouer de (et avec !) la musique, n’a jamais oublié la chanson française dans ses albums.
Dans Trio Sud (2), en compagnie d’André Ceccarelli à la batterie et de Jean-Marc Jafet à la contrebasse, il interprète  Les Amants d’un jour
(C. Delécluse / M. Senlis / M. Monnot), La Complainte de la Butte (J. Renoir, G. van Parys), chefs-d’œuvre du répertoire. En duo avec le guitariste Biréli Lagrène, dans Duet (3), il choisit, entre autres thèmes, Syracuse (B. Dimey / H. Salvador) et
Les Amoureux des bancs publics (G. Brassens). Dans l’album Standards (4), en solo, on retrouve nombre de chansons françaises d’époques diverses, comme Puisque vous partez en voyage (J. Legrand / Mireille),  La Montagne (J. Ferrat), Tous les cris tous les S.O.S (Balavoine), Le P’tit Bal perdu (R. Nyel / G. Verlor), ou encore Le Poinçonneur des Lilas (S. Gainsbourg).
Ces enregistrements, outre leur beauté, ont l’intérêt de nous rappeler que les « grandes » chansons populaires sont peut-être avant tout des mélodies,
n’en déplaise aux tenants d’une spécificité littéraire de la chanson française. Rappelons-nous Paul Verlaine et son Art poétique« De la musique avant toute chose », écrivait-il. Sylvain Luc est l’homme de la situation.
Un autre virtuose de la « six cordes » (comme on dit dans les articles où l’on redoute les répétitions), Louis Winsberg, a consacré un album entier aux chansons françaises qu’il aime, intitulé sobrement Douce France (5). Il est accompagné d’Ira Coleman à la contrebasse et de Stéphane Huchard à la batterie. L’éventail des chansons choisies est aussi large d’inspiration que peut l’être le répertoire français. On y retrouvera aussi bien Les Feuilles mortes (J. Prévert / J. Kosma) que Le Sud
(N. Ferrer) et Belle-Île-en-Mer (A. Souchon / L. Voulzy), une chanson yéyé,  Derniers baisers (6), et bien entendu  Douce France (C. Trenet).
Ces belles mélodies, exposées et interprétées comme des thèmes, sont ensuite l’objet d’improvisations plus ou moins sages, plus ou moins folles, selon le tempérament des musiciens. Les jazzmen ont toujours trouvé dans les mélodies des chansons populaires, de France ou d’ailleurs, de quoi exercer leur art du discours et de la digression. Autumn Leaves, un thème très prisé des jazzmen américains, et maintenant du monde entier, est au départ une des chansons les plus fameuses du répertoire français, Les Feuilles mortes (citée plus haut).
La vie des chansons est parfois bien courte, même si elles connaissent le succès. Elles disparaissent rapidement des mémoires. Ces disques instrumentaux sont
une autre façon d’en conserver la trace, de garder leurs mélodies. Celles qu’on chantonne encore « longtemps, longtemps après… » en faisant la la la quand on
a oublié les paroles, comme le dit si bien Charles Trenet ( L’Âme des poètes),
un orfèvre en la matière.

Pierre Delorme

 

1) Voir Oh la guitare (1 et 2) dans la rubrique « Réflexion faite ».
2) Sylvain Luc, Trio Sud, Dreyfus, avril 2002.
3) Sylvain Luc et Biréli Lagrène, Duet, Disques Dreyfus, 1999.
4) Sylvain Luc, Standards, Dreyfus jazz, 2009.
5) Louis Winsberg trio, Douce France, E-Motive Records, 2007.
6) Adaptée (comme beaucoup de « tubes » de cette époque) d’une chanson américaine de 1960, Sealed with a Kiss (G. Geld / P. Udell).

1 commentaire »

  1. leroux dit :

    C’est une longue tradition, ce flirt entre la guitare jazz et la chanson et je voudrais citer deux guitaristes virtuoses des années cinquante : Henri Crolla et Elek Bacsik, qui ont à la fois accompagné des chanteurs, dans leurs enregistrements ou sur scène (Yves Montand pour le premier, Serge Gainsbourg, Jeanne Moreau pour le second) et repris des thèmes de chansons dans leurs propres enregistrements de jazz (réédités dans la collection « Jazz in Paris »).

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