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Photo Young Jun Kim

Photo : Young Jun Kim

Un des trois gars avait publié sur son mur Facebook une vidéo de la formidable chanteuse coréenne Youn Sun Nah. Les commentaires qui suivaient étaient très élogieux, voire énamourés, louant la grande musicalité de cette artiste singulière, dont les puristes considèrent qu’elle n’est ni une chanteuse de jazz, ni une chanteuse pop, encore moins une chanteuse traditionnelle. On ne sait pas très bien dans quel tiroir la ranger. Ce qui n’a pas grande importance. Elle bouscule un peu les frontières et ça n’est pas forcément une mauvaise chose*. Mon attention fut quand même attirée par un commentaire qui tranchait parmi les autres. Une dame, nettement moins enthousiaste, semblait considérer que le charme exotique de Youn Sun Nah était pour beaucoup dans ces louanges essentiellement masculines. Elle écrivait : « L’exotisme, ça le fait, ça arrange bien… » Elle concédait toutefois à la chanteuse une certaine puissance vocale :  « Elle envoie du pâté ! »…
Je suis resté un peu dubitatif à me demander ce que le charme exotique de Youn Sun Nah pouvait bien arranger. Dissimulait-il des défaillances vocales ou des approximations musicales qui m’auraient échappé ? Serais-je dupe de ce que ce je vois au point d’oublier ce que j’entends ?
Comme je me souvins avoir d’abord été séduit par un CD de la chanteuse, sans rien savoir de son physique, je fus un peu rassuré. Je le fus bien plus encore en lisant la suite du commentaire, où j’appris donc que Youn Sun Nah « envoie du pâté »…
Les expressions vont et viennent dans le vocabulaire (parfois limité) des musiciens (ou musicos, voire ‘zicos). Il fut un temps où « ça déménageait », un autre temps où « ça jouait ! », récemment ça « envoyait du bois », qui rapidement se raccourcit en « ça envoie », mais « ça envoie du pâté » je ne connaissais pas encore. Cependant la référence au terroir et à la charcuterie de campagne dans cette expression me semble quand même assez peu en accord avec les prestations très fines et nuancées de Youn Sun Nah. J’ai assisté à l’un de ses concerts où, accompagnée de la seule guitare d’Ulf Wakenus, elle passe d’une puissance quasiment lyrique à un minimalisme qui flirte avec le silence. Eh bien, exotique ou pas, ça le fait ! et si elle envoie du pâté, nul doute, c’est du pâté impérial.

Pierre Delorme 

* On peut dans un même concert de Youn Sun Nah entendre, par exemple, Kangwondo Airang, une chanson traditionnelle coréenne, Hurt (Trent Reznor), empruntée au répertoire de Johnny Cash, My favorites things (Rodgers/Hammerstein), un standard du jazz, et Avec le temps (Léo Ferré), en toute simplicité et sans que le récital perde de sa cohérence.

1 commentaire »

  1. Dalichoux dit :

    Peut-être s’agit-il d’un pâté de sable, plus poétique quand on souffle dessus. Magnifique.

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