Sur mon Teppaz, j’ai écouté Noël des enfants oubliés par Dick Rivers. Cette chanson de saison, dont le rocker niçois a coécrit les paroles, fait montre d’une gravité qui tranche dans sa discographie. Au point que, sauf défaut de recherche, elle n’apparaît que sur le 45-tours de Noël édité en 1966 par le Comité français pour la campagne mondiale contre la faim. Ce « disque exceptionnel », comme dit la pochette qui n’exagère pas, propose, outre le susnommé, Charles Aznavour, Georges Brassens et les Compagnons de la Chanson. Une affiche autorisée par les maisons Barclay, CBS, Pathé-EMI et Philips, saisies d’un bel élan œcuménique, mais qui veillent tout de même à ce que leurs logos respectifs figurent au recto et au verso de la pochette.
Les interprètes, réunis « pour la première fois », font tous – ou presque – assaut d’une même foi. Charles Aznavour chante Noël des Mages. Les Compagnons entonnent Les Anges dans nos campagnes. Dick aiguillonne la conscience des bambins avides de cadeaux : « Ce soir pour toi, petit garçon / Les arbres sont tous des sapins. / Je vois briller dans tes yeux ronds / Des guirlandes et des serpentins. / Ce soir,
ce soir c’est Noël, / […] / Pourtant tu sais, l’Enfant Jésus a froid, / Pour des enfants que
tu ne connais pas. » Seul Tonton Georges, en mauvais sujet même pas repenti pour l’occasion, dessine un Père Noël pas vraiment blanc-bleu qui « avait une barbe blanche » mais « avait nom “Papa Gâteau” », et « a mis les mains sur tes hanches »…
« En écoutant ces chants qui parlent d’amour et de solidarité, les enfants, les hommes, les femmes de notre pays vont, dans la joie de Noël, tendre une main fraternelle à ces millions d’hommes qui veulent nous rejoindre sur les chemins de la vie », lit-on à l’intérieur de la pochette ouvrante. La cause est juste et grande. On ne saurait donc confondre le Noël des enfants oubliés de Dick Rivers avec Le Noël des enfants oubliés (1) de Tino Rossi. De l’importance des nuances typographiques…
René Troin
(1) Attention : ce titre cosigné Laurent Rossi, Jean Lavande et Philippe Levant, publié pour la première en 1968 sur un 45-tours intitulé « Tino chante Noël » (titre, il est essentiel de le souligner, déjà utilisé en 1959 pour le 45-tours incluant l’immarcescible Petit Papa Noël), perd parfois son article sur des compilations ultérieures, s’écrivant alors Noël des enfants oubliés. La vigilance la plus extrême est donc recommandée.
Dick Rivers, Noël des enfants oubliés (paroles : Mya Simille et Dick Rivers – musique: Roby Davis), 1966.