Jean-Louis Foulquier est mort. Les nécrologies n’ont pas tardé à envahir la presse – à croire qu’elles attendaient, « toutes prêtes ». Comme dans une chanson de Léo Ferré que l’animateur admirait tellement. Ici, nous saluerons l’homme qui a entretenu le feu de la chanson de parole.
Jusqu’à la fin des années soixante-dix, les émissions de grande écoute, où l’auditeur faisaient de belles découvertes, ne manquaient pas à la radio : sur Europe 1, il y avait « Campus » de Michel Lancelot, où Monsieur l’Indien de Péloquin et Sauvageau tourna en rotation lourde ; et sur France Inter « Marche ou rêve » de Claude Villers où L’Été la France de Jofroi passa toute une saison… Ni même à la télévision : Pierre Louki comptait parmi les pensionnaires des plateaux de Jean-Christophe Averty, Jacques Brel passait en vedette chez Guy Lux, un soir de « Palmarès des chansons »… C’est après que les choses se sont gâtées. Une fois la plupart des fréquences « libres » confisquées par NRJ, Nostalgie et autres Skyrock, il n’est guère resté que « Y a de la chanson dans l’air », puis « Pollen » (1), pour programmer l’« autre chanson ». Et Jean-Louis Foulquier s’est fait le chantre de ceux qui ne chantaient pas ou peu sur les autres longueurs d’onde. Hubert-Félix Thiéfaine, Renaud et Jacques Higelin, pour ne citer que trois noms célèbres, lui doivent beaucoup de leur popularité.
Il suffisait, pour mesurer l’importance du rôle de Jean-Louis Foulquier, de parcourir mercredi matin les pages Facebook de nos amis. Sous son nom et son image, il fleurissait des « J’aime » et des « Merci ». Des souvenirs aussi. J’en dirai un qui remonte à 1993. L’animateur de France Inter avait répondu à l’invitation de ses « collègues » de « Ça urge au bout de la scène ». Une émission de Radio Libertaire dont la zone d’écoute ne va guère au-delà des murs de Paris. On appelle ça un beau geste.
René Troin
(1) Au plan national et à une heure de grande écoute sur une radio populaire, en tout cas.
Il existe même une sortie opportune en DVD d’une interview qu’avait réalisée J-L Foulquier de Leprest, il y a plus de deux ans et qui vient, pour les fêtes, de sortir de sa boîte.
« Étrange, dit l’ange… Être âne, dit l’âne »… (J. Prévert).
Beau billet, cependant Renaud (contrairement à Thiéfaine) est toujours beaucoup passé sur les ondes, il a toujours fait partie des artistes ultra-médiatisés. Il est vrai que Foulquier l’a remarqué à ses débuts en 1975 où sa gloire n’était pas encore au rendez-vous.
Thiéfaine, lui, en effet, n’a jamais eu droit au prime time…